Chronique musicale d’un langage témoignage
- Par Agathe Costes
- Le 11/01/2012
- Dans L'instant culture de l'écrivain public : pause-café, pause français
Tout d’abord je vous présente mes meilleurs vœux pour l’année 2012. Oui, même un 11 janvier on n’y réchappe pas. Je vous rappelle que réchapper signifie « échapper par chance à un danger grave ». J’ai failli ne pas vous souhaiter la bonne année sous prétexte qu’elle était déjà bien entamée. Vous pouvez mesurer le « danger grave » que cela constituait.
Mais passons.
Hier, tandis que je regardais tranquillement Femmes au bord de la crise de nerfs (« feeeeeemmes, je vous aime »), je remarquai un plan sur des bobines de films, leurs pellicules plus précisément. D’une idée à l’autre, je pensai qu’en espagnol un film se disait « película ». Pourtant à l’heure du numérique et de la 3D il ne me semble pas qu’on ait déjà employé, chez nos voisins hispaniques, le terme « numericula ».
Court exemple démontrant que le langage est aussi le témoignage de notre propre histoire.
La condition des femmes (« femmes des années 80 ») au cours du siècle dernier apparaît également dans notre emploi actuel des mots où, par exemple, madame la préfète n’est autre que… l’épouse du préfet (« être une femme libérée, tu sais c’est pas si facile »). Heureusement les mœurs (« œ dans l’a, t-i-t-i-a ») ont bien changé… Cela apparaît aussi pour ce mot, loin d’être innocent, et qui fait drôlement polémique depuis quelque temps : mademoiselle (" chante le blues ? "). Eh oui, à une époque où on fait des enfants sans se marier (« elle a fait un bébé toute seule ») et où les statistiques sont impitoyables quant au nombre de divorces, que peut bien vouloir encore dire mademoiselle ? Mais ces incohérences, ces petites hésitations, comme celles entre le tutoiement et le vouvoiement (« c’est mon ami et c’est mon maître, j’le vouvoie encore aujourd’hui »), aussi perturbantes soient-elles, ne sont-elles pas charmantes ? Notre langue influence même les situations sociales les plus anodines…
- Madame, heu pardon… mademoiselle (" quoi ma gueule, qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? ") !
Mais peut-être est-ce madame ? (« mademoiselle, c’est mademoiselle, et puis d’abord de quoi j’me mêle ?! »)
C’est vrai ça… De quoi je me mêle ?
P.-S. : si vous voulez faire un « blind test » parolier (titre et interprète s’il vous plaît !), c’est par ici :
http://fr-fr.facebook.com/pages/Cabinet-Agathe-Costes-%C3%A9crivain-public/182916225107840
Rappelez-vous, c'est l’endroit où on partage la culture et la confiture sans facture.
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