Pourquoi les écrits nous touchent-ils ?
- Par Agathe Costes
- Le 17/11/2017
- Dans L'instant culture de l'écrivain public : pause-café, pause français
Au travers d’une lecture, il nous arrive parfois de tomber sur des phrases qui semblent nous être destinées. Elles étaient là, immobiles, tapies dans l’ombre d’un ouvrage refermé. Puis elles apparaissent à nos yeux, évidentes. La précision avec laquelle elles viennent dire ce que nous vivons ou ressentons est troublante. Quelquefois, elles ont même l’air de prédire la suite. Pourquoi les écrits nous touchent-ils autant ?
En cherchant une réponse à cette question, je pense de nouveau au proverbe de Boileau : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément. » Ces phrases nous procurent une vive émotion, certainement parce qu’elles sont intimement liées à notre vécu. L’intensité avec laquelle nous les découvrons est peut-être due au talent de l’auteur les ayant écrites. Les mots s’enchaînent facilement et la phrase est pourvue d’une belle musicalité. Cette impression qui n’était pas encore nettement formulée dans notre esprit l’est devenue et l’auteur l’a décrite avec une aisance qui nous déconcerte. Cette sensation, il la connaît donc, lui aussi ?
Peut-être est-ce ça la clé de ce qui nous touche. La manière de dépeindre les émotions et ainsi de faire comprendre qu’elles sont universelles. Que ce que nous traversons est aussi vécu par d’autres. J’ignore si mon raisonnement est juste. Et je suis certaine qu’il existe bien d’autres réponses à cette question.
En tant qu’écrivain public, je dois accompagner des personnes pour améliorer d’une manière ou d’une autre leurs écrits, qu’il s’agisse de les rédiger, les structurer, les corriger ou autre. Je dois essayer de comprendre la personne et son besoin pour mener à bien ce qu’elle attend de moi. L’écrit souhaité peut être d’ordre administratif et il peut consister à convaincre. Je suis d’avis que mon implication doit rester fidèle à l’esprit de la personne me sollicitant. Par exemple, rédiger une lettre de motivation ou une demande d’augmentation implique de concevoir un écrit efficace, mais il est également indispensable que celui-ci soit en adéquation avec ladite personne. Sinon, comment celle-ci va-t-elle pouvoir l’argumenter par la suite ?
Lorsque des prospects me contactent pour des projets plus personnels, je considère que la démarche est identique. L’écrit souhaité doit toujours ressembler à celui qui en fait la demande. J’en viens ainsi à mon questionnement initial : si l’on veut toucher le destinataire de l’écrit, je suis convaincue qu’il est fondamental d’être cohérent et sincère. Un compte rendu doit être fidèle à l’esprit de celui qui le commande, au même titre qu’un discours doit être fidèle au parler de celui qui le prononcera, car, oui, les fausses notes s’entendent toujours.
Cet aspect de mon métier me passionne. Mettre à profit mes compétences écrites tout en essayant de respecter le profil de celui ou celle requérant mon aide est une démarche intellectuelle qui m’enrichit toujours et me stimule grandement.
En ce qui me concerne, le dernier passage sur lequel je me suis arrêtée, songeuse, était de Christophe André : « Face à la douleur ? Respirer. Face à la détresse ? Respirer. Au début, ça me paraissait bien limité comme message. Puis, j’ai compris. Le vrai message, le message complet, c’est : “Commencez par respirer ; tout sera plus clair ensuite.” Ce qu’il y aura à faire ou à penser apparaîtra alors avec plus d’évidence. Respirer ne transforme pas la réalité. Mais respirer transforme l’expérience qu’on a de la réalité. » Oui, en effet, c’est très clair maintenant.
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